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d’Ossola sur le lac d’Orta, à mille pieds d’élévation au moins au-dessus du niveau du Lac-Majeur qui lui est parallèle, d’où elle serait venue joindre la route actuelle près d’Arona, après un trajet de 14 lieues à peu près. Mais Napoléon, sur les observations de la direction des ponts et chaussées, décida qu’elle suivrait le bord du Lac-Majeur, sans monter ni descendre. Elle se trouve aujourd’hui établie de niveau, le long du lac, à 16 pieds d’élévation au-dessus de ses basses eaux.

Après les premiers six mois de travaux, les ingénieurs français, employés du côté de l’Italie, furent rappelés, à l’exception de Mr. Céard qui conserva la direction jusqu’à leur fin ; et le surplus des ouvrages, depuis Algaby jusqu’à Domo d’Ossola sur six lieux de longueur et de là à Arona (14 lieues) a été exécuté par les ingénieurs italiens, Mess. Gianella, Bossi et Viviani. Le premier était un savant distingué qui possédait et méritait toute la confiance de son gouvernement — le second, habile architecte, et le troisième, hardi constructeur — « la terreur des rochers. »[1]

Pour mettre la nouvelle route en communication directe avec la capitale, on a dû remonter jusqu’au delà du Jura et chercher les alignemens les plus courts au sud du lac de Genève et dans le Valais, dans une étendue de quarante lieues. Elle a été conduite de Morex au point culminant dans la vallée d’Aspe, et de là par la vallée de Dappes à Gex.[2] Il a fallu ouvrir un nouveau passage
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  1. Je rappelle ici textuellement l’éloge qu’en fait Mr. Céard dans son mémoire sur la route du Simplon.
  2. La route traverse cette vallée qui appartient à la Suisse, dans une longueur d’une lieue à peu près, entre les Cressonières et la Vattay, sur un terrain tout à fait inhabité. Pour cette parcelle, il y a eu 20 ans de négociations, à la suite desquelles la route a été ouverte à main armée. La confédération helvétique n’a jamais voulu y renoncer, et les tentatives qui ont été faites à ce sujet depuis le retour des Bourbons, n’ont pas eu plus de succès que celles qui avaient eu lieu auparavant.