Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/30

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J’aurais guidé ton pas débile
Vers quelque vallon ignoré,
Où le Dieu que le siècle exile
Parle encore au juste éploré.

Nous aurions échangé de ces graves paroles
Dont use dans ses maux l’homme religieux,
Dirigé notre essor vers ces brillants symboles
Que suspendit là haut la main du Roi des cieux ;
Cherché l’esprit divin sous ces lointains mystères,
Pour y mêler notre âme, y fondre nos deux cœurs,
Et dans son sein natal dépouiller nos misères,
Fange pétrie avec nos pleurs.

Régénérés alors dans les flots de sa grâce,
Pour les champs de la terre où tu perdis sa trace,
Nous serions, tous les deux, partis le même jour,
Et, pareils au ramier qui rapporte des plaines,
A travers les, dangers des routes incertaines,
Le duvet pour son nid qu’il bâtit dans la tour,
Nous aurions, tous les deux, de notre saint voyage,
Brûlés par le soleil ou glacés par l’orage,
Rapporté des trésors d’espérance et d amour.

Ainsi jamais ta noble tête
N’eût ployé sous le joug de l’ange réprouvé ;
Ton pied, inébranlable au fort de la tempête,
N’aurait jamais glissé sur un sanglant pavé,
Et tu serais assis à nos banquets de fête,
Triomphant et sauvé !