Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/88

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Pourquoi donc aujourd’hui retourner à ces plages
Qu’ont cessé d’embellir les séduisants mirages
D’un printemps, pour tous deux, à jamais éclipsé ?
Pourquoi, loin de nos bords, quand pâlit mon étoile,
A des mâts fatigués hissant une autre voile,
Remonter de mes jours le rapide passé ?

Il est doux cependant de réveiller les songes
Qui berçaient notre enfance et doraient ses loisirs ;
Il est doux d’évoquer tous ces riants mensonges,
Tous ces chastes plaisirs ;
On renaît à leur souffle, on s’éprend de leurs charmes
On caresse longtemps leur pieux souvenir,
Et le cœur le plus rude, attendri jusqu’aux larmes,
S’ouvre pour les bénir.

Tu les retrouveras, Muse, au pied des grands chênes,
Mollement endormis sur le bord des fontaines,
Les bras entrelacés et les cheveux épars,
Attendant que l’Esprit de la grotte voisine
Illumine, pour eux, sous la haute colline,
Ses palais de cristal fermés à nos regards.