Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/89

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Tous se relèveront à ton aspect magique,
Tous viendront, à tes pieds, comme un essaim d’oiseaux
S’abattre, voltiger autour de ta tunique,
Caresser tes bandeaux,
T’entraîner doucement vers la sainte chapelle
Où tes mains autrefois balançaient l’encensoir,
Vers l’école rustique où la Bible immortelle
Chantait, pour toi, le soir.

Les uns, soldats, héros, bandits aux têtes d’ange,
Feront, à tes regards, défiler leur phalange
Dont un grave tambour réglait en vain l’ardeur ;
D’autres, vêtus de deuil, te conduiront peut-être
Sous un saule, où de loin, tu verras apparaître
Une ombre aux traits divins qui fut presque ta sœur.

Tous viendront, à leur tour, appelés par leur âge,
Offrir leur front candide à tes baisers chéris,
S’asseoir à tes genoux et te lire une page
D’un livre peu compris ;
Et tu retrouveras sous leurs chastes caresses,
Et tu rapporteras de leurs douces leçons,
Des plaisirs sans remords et de saintes richesses
Pour d’arides saisons.