Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/275

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— Laissez-la entre les mains de Dieu, mon fils !

— C’est facile à dire, mais, ah ! l’abbé, si vous étiez homme ! Que deviendrai-je si ce poison se répand en moi et si je vais me battre avec la pensée que chaque balle autrichienne peut être envoyée par la main de son amant ? Et si je meurs pour rendre la liberté, non seulement à l’Italie, mais encore pour rendre la liberté à ma femme ?

Je posai la main sur son épaule :

— Mon fils, je réponds d’elle. Remettez-vous-en à moi.

Il me fixa étrangement.

— Et si vous vous trompez ?

— Je ne me trompe pas ; j’en prends tous les saints à témoin.

— Et pourtant, vous me tendez un piège, dit-il ; vous savez tout, et vous vous faites parjure pour m’épargner.

Ces mots pénétrèrent en moi comme un glaive. Effaré, je le fixai, et je vis que son regard avait la dureté de l’acier. Le mien ne put le soutenir.

— Vous savez tout, répétait-il, et c’est pour cela que vous n’osez pas me céder votre place.

— Dites plutôt que je n’ose pas faillir à mon devoir de prêtre.