grands. L’ermite reconnut ces nouvelles pour vraies, les ayant apprises au cours de son voyage de retour.
La femme sauvage lui raconta encore qu’elle avait été traquée à travers bois, comme une bête, par un gros d’hommes d’armes ivres — des lansquenets du Nord, à en juger d’après leurs habits et leur langage barbares. Enfin, mourante de faim et recrue de fatigue, elle avait atteint la caverne et y avait trouvé une cachette contre ceux qui la poursuivaient. « Je ne crains, dit-elle, ni les animaux féroces, ni les gens des bois, charbonniers, égyptiaques, ménestrels errants ou colporteurs. Les voleurs de grand chemin ne me touchent pas, car je suis pauvre, et ma peau est noire. Mais quant à ces hommes d’armes saouls de vin, ils sont plus à craindre que loups ou tigres. »
Et le cœur de l’ermite s’attendrit, car il pensa à sa petite sœur couchée, la gorge ouverte, sur les marches de l’autel, et aux scènes de sang et de pillage qui l’avaient fait fuir jusqu’au fond du désert. Aussi, dit-il à l’étrangère que, puisqu’il n’était pas bienséant qu’elle demeurât dans sa grotte, il manderait à une pieuse dame de la ville qu’elle voulût bien l’héberger et lui procurer de l’ouvrage. « Car, dit-il, je vois, grâce à la sainte image suspendue à