Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/336

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ton cou, que tu n’es pas une malheureuse païenne, mais bien une enfant de Jésus-Christ, pour égarée que tu sois au désert. — Oui, répondit-elle, je suis chrétienne, et sais autant d’oraisons que toi-même, mais je ne remettrai jamais les pieds dans l’enceinte d’une ville, de peur qu’on ne me reprenne et me fasse rentrer au cloître. — Quoi ! s’écria l’ermite, en sursautant, serais-tu une nonne parjure ? » Et il fit le signe de la croix, songeant encore au démon. Elle sourit et reprit : « Il est vrai que je fus naguère une femme cloîtrée, mais jamais ne le serai-je plus de mon gré. Chasse-moi si telle est ta volonté, mais je ne pourrai aller bien loin, m’étant blessée au pied en gravissant la côte pour porter de l’eau dans ton jardin. » Et elle fit voir sa blessure. À cette vue, pour effrayé qu’il fût, l’ermite se sentit ému de pitié ; il lava la plaie et la banda, et tout en faisant de la sorte, il pensait que, peut-être, son étrange visiteuse lui avait-elle été dépêchée non pour la perdition de son âme à lui, mais pour son salut à elle. Et dès cette heure, il eut à cœur de la sauver.

Mais comme il ne pouvait être convenable qu’elle restât davantage dans sa caverne, il la fit boire, lui donna une poignée de lentilles, l’aida à se lever, et lui mettant en main son