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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/137

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ENFANTS D ADAM



Par ma propre v oix retentissante, je chante le phallus,
Chante le chant de la procréation,
Chante le besoin d ’ enfants superbes, et par là de superbes
adultes,
Chante la poussée du muscle et l’acte de se fondre,
Chante le chant de la compagne de lit (Oh ! l’irrésistible
élan !
Oh ! pour quiconque et tous l’attraction du corps complé­
mentaire !
Oh ! pour toi, qui que tu sois, ton corps complémentaire !
Ohl ce corps qui, plus que tout au m onde,t’enchante !)
Par la faim rongeuse qui me consume nuit et jour,
Par les moments natifs, les souffrances dont on rougit, je
les chante,
Cherche quelque chose point encore trouvé, quoique je l ’aie
assidûment cherché de longues années,
Chante le vrai chant de l ’âme, capricieux, à l’ aventure,
Renais avec la Nature la plus brute ou parmi les animaux,
Imprègne mes poèmes de cela et ceux-ci et ce qui les accom­
pagne,
Le parfum des pommes et cfes citrons, l ’ appariement des
oiseaux,
L ’ humidité des bois, le lapement des vagues,
La poussée furieuse des vagues contre la terre, moi je les
chante,
Je fais vibrer légèrement l ’ ouverture, goûte par avance le
morceau,
Le bonheur d’être près, la vue du corps parfait,
Le nageur au bain qui nage nu, ou flotte immobile, couché
sur le dos,
La figure féminine qui s’ approche, moi pensif,la chair d ’ a­
mour frémissante qui me fait mal,