Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/40

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(Ou s’il existe je prétends qu’il est tout aussi important pour toi, pour le pays ou pour moi, que toute autre chose.)

Moi aussi, à la suite de beaucoup et suivi par beaucoup, j’i­naugure une religion, je descends dans l’arène,
(Il se peut que je sois destiné à y pousser les cris les plus forts, les clameurs retentissantes du vainqueur,
Qui sait ? Ils peuvent encore jaillir de moi et planer, au-dessus de toutes choses.)

Chaque chose n’existe pas pour elle-même,
Je dis que la terre tout entière et tous les astres du ciel n’existent que pour la religion.

Je dis que nul homme encore n’a été assez dévot de moitié,
Nul encore n’a rendu un culte ni adoré assez de moitié,
Nul n’a commencé de songer combien divin il est lui-même et combien certain est le futur.

Je dis que la grandeur réelle et permanente de ces États doit être leur religion,
Autrement il n’est point de grandeur réelle et permanente ;
(Ni caractère ni vie dignes de ce nom sans religion,
Ni pays, ni homme, ni femme, sans religion.)


8


Que faites-vous, jeune homme ?
Êtes-vous si appliqué, si adonné à la littérature, la science, l’art, la galanterie ?
À ces réalités visibles, politique, problèmes ?
À votre ambition ou vos affaires, quelles qu’elles soient ?