Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/42

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34 FEUILLES D’HERBE Mélange qui m ’est propre, l ’invisible et le visible, Océaji mystérieux où les courants se déversent, Esprit prophétique des matérialités changeant et vacillant autour de moi, Etres vivants, identités sûrement auprès de nous dans l ’air en ce moment sans que nous le sachions, Contact de tous les jours et toutes les heures auquel je ne puis me soustraire, Choisissant ceux-ci, par ceux-là sollicité à demi-mot. Celui qui, depuis l’enfance, n ’a cessé un jour de me don­ ner un baiser, N’a pas enroulé et serré autour de moi le lien qui m’attache à lui, Plus fortement que je ne suis attaché aux cieux et tout le monde spirituel, Après ce que ceux-ci ont fait pour moii en m’inspirant mes thèmes. Oh ! ces thèmes — égalités ! ô divine moyenne ! Mélodies sous le soleil, avant-courrières de l’aubç telles q u ’à présent, ou à midi, ou au couchant, Accents musicaux qui s’épandent à travers les âges et main­ tenant parviennent ici, Je m ’abandonne à vos harmonies audacieuses e t composites, les enrichis et les passe allègrement en avant.


11 En faisant dans l’Alabama ma promenade matinale, J ’ai vu l’endroit où l’oiseau-moqueur, la femelle posée sur son nid dans les ronces, couvait ses petits.