Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/695

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L’esprit, l’oreille tendus, saisirent à demi ces mots qu’il murmurait :
« Puissé-je retourner à mon temps de guerre,
À ces spectacles, ces scènes — au déploiement en ligne de bataille,
Aux éclaireurs qui partent en reconnaissance,
Aux canons, à l’artillerie farouche,
Aux aides-de-camp qui galopent portant des ordres,
Aux blessés, aux morts, la fièvre, l’incertitude,
Le fort parfum, la fumée, le bruit assourdissant ;
Assez de votre existence pacifique ! — vos joies pacifiques !
Rendez-moi ma folle vie batailleuse d’autrefois ! »

LEÇONS PLUS FORTES

N’avez-vous tiré des leçons que de ceux qui vous admirèrent et furent doux envers vous et se rangèrent de votre côté ?
N’avez-vous pas tiré de grandes leçons de ceux qui vous rejettent et bandent leur force contre vous ? ou qui vous traitent avec mépris ou vous disputent le passage ?

UN COUCHER DE SOLEIL SUR LES PRAIRIES

Projections d’or, marron et violet, éblouissement d’argent, émeraude, fauve,
Toute l’amplitude de la terre et la puissance multiforme de la Nature confiées cette fois aux couleurs ;
La lumière, l’air universel par elles possédés — des couleurs jusqu’ici inconnues,