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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/726

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ADMIRABLE EST LE VISIBLE

Admirable est le visible, la lumière, pour moi — admirables sont le ciel et les astres,
Admirable est la terre, et admirables sont le temps et l’espace indestructibles,
Et admirables leurs lois, si multiformes, énigmatiques, si évolutionnaires ;
Mais bien plus admirable mon âme invisible, qui embrasse, doue toutes ces choses,
Illumine la lumière, le ciel et les étoiles, creuse la terre, vogue sur la mer,
(Que seraient toutes ces choses, en vérité, sans toi, âme invisible ? à quoi bon, sans toi ?)
Plus vaste, énigmatique, évolutionnaire, ô mon âme !
Plus multiforme infiniment — plus indestructible qu’elles.

INVISIBLES BOURGEONS

Invisibles bourgeons, infinis, bien cachés,
Sous la neige et la glace, sous les ténèbres, en chaque centimètre cube ou carré,
Germinaux, exquis, en dentelle délicate, microscopiques, à naître,
Comme enfants dans le sein, latents, repliés, compacts, endormis ;
Billions de billions, trillions de trillions en attente,
(Sur terre et dans la mer — l’univers — les astres là-haut dans le ciel),
Poussant avec lenteur, sûreté, en avant, se formant à l’infini,
Et toujours plus qui attendent, toujours plus derrière.