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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/77

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En tous les gens je me retrouve, ni plus grand ni moindre d’un grain d’orge,
Et le bien et le mal que je dis de moi-même, je le dis d’eux.

Je sais que je suis solide et sain,
Vers moi les objets de l’univers convergent en un flot perpétuel,
Tous portent des mots écrits pour moi et je dois déchiffrer le sens de ce qui est écrit.

Je sais que je suis immortel,
Je sais que l’orbite que je décris ne peut être parcouru par le compas d’un menuisier,
Je sais que je ne passerai pas comme le cercle de feu qu’un enfant trace avec un tison le soir.

Je sais que je suis auguste,
Je ne me tourmente pas l’esprit pour qu’il se justifie ni être compris,
Je reconnais que les lois élémentaires jamais ne demandent pardon,
(J’estime qu’après tout je ne me montre pas plus orgueil­leux que le niveau à l’aide duquel j’asseois ma mai­son).

J’existe tel que je suis, cela suffit,
Si personne au monde ne le sait, je reste satisfait,
Et si tous le savent, je reste satisfait.

Un monde le sait, de beaucoup le plus vaste pour moi, et c’est moi-même,
Et que j’arrive à mes fins aujourd’hui ou dans dix mille ans ou dix millions d’années,