Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/78

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Je puis avec confiance l’accepter à présent, ou bien attendre avec une égale confiance.

La base où mon pied repose est à tenons et mortaises dans le granit,
Je ris de ce que vous nommez dissolution,
Et je connais l’amplitude du temps.

21


Je suis le poète du Corps et je suis le poète de l’Âme,
Chez moi sont les plaisirs du ciel autant que les tortures de l’enfer,
Je greffe les premiers sur moi et m’en accrois, je traduis les seconds en une langue nouvelle.

Je suis le poète de la femme aussi bien que de l’homme,
Et je dis qu’il est aussi grand d’être femme que d’être homme,
Et je dis qu’il n’est rien de plus grand que la mère des hommes.

Je chante le chant de l’expansion ou l’orgueil,
Nous avons assez baissé le front et assez imploré,
Je montre que grandeur n’est que développement.

Avez-vous dépassé les autres ? Vous êtes le Président ?
C’est une bagatelle, chacun parviendra plus loin que cela et continuera encore.

Je suis celui qui chemine avec la tendre nuit qui tombe,
Je jette mon appel à la terre et la mer, à demi enveloppé par la nuit.