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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/84

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Je reste aussi pur à l’entour des entrailles qu’à l’entour de la tête et du cœur,
La copulation n’est pas plus grossière à mes yeux que n’est la mort.

Je crois en la chair et les appétits,
Voir, entendre, toucher sont miracles, et chaque partie et bout de moi-même est un miracle.

Envers et endroit, je suis divin, et je sanctifie tout ce que je touche ou par quoi je suis touché,
La senteur de ces aisselles est arome plus fin que la prière,
Cette tête plus qu’églises, bibles et tous les credos.

Si je rends un culte à une chose plus qu’à une autre j’en­tends que ce soit à l’entièreté de mon corps ou l’une quelconque de ses parties,
Forme translucide de moi-même, ce sera toi !
Saillies ombrées et séant, ce sera vous !
Rigide coutre masculin, ce sera toi !
N’importe ce qui contribue à ma mise en valeur, ce sera toi !
Toi, mon sang riche ! Toi, ruisseau laiteux, pâle traite de ma vie !
Poitrine qui te presses contre d’autres poitrines, ce sera toi !
Mon cerveau, ce sera tes occultes circonvolutions !
Racine d’acore baigné ! craintive bécassine ! nid des dou­bles œufs protégés ! ce sera toi !
Foin emmêlé crêpé de la tête, de la barbe, du muscle, ce sera toi !

Sève qui gouttes de l’érable, filament de blé viril, ce sera toi !
Soleil si généreux, ce sera toi !
Vapeurs éclairant et ombrant ma face, ce sera vous !