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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/83

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Dévissez les serrures des portes !
Dévissez les portes mêmes de leur chambranle !

Quiconque ravale un autre homme me ravale,
Et tout ce qui se fait ou dit retourné finalement à moi.

À travers moi s’enfle, se creuse l’inspiration, à travers moi le courant et l’aiguille indicatrice.

Je profère le mot de passe des âges, je livre le signe de la démocratie,
Tudieu ! je n’accepterai rien dont tous ne pourraient a voir la contre-partie en égaux.

À travers moi multiples les voix longtemps muettes,
Voix des interminables générations de prisonniers et d’es­claves,
Voix des malades et désespérés, des voleurs et avortons,
Voix des cycles de préparation et accroissement,
Et des fils qui relient les astres, du sein des mères et de la sève des pères,
Et des droits de ceux que les autres foulent aux pieds,
Des malformés, nuls, godiches, sots, méprisés,
Brouillard dans l’air, scarabées roulant leurs boulettes de fiente.

À travers moi les voix interdites,
Voix des sexes et concupiscences, voix couvertes et que je découvre,
Voix indécentes, par moi clarifiées et transfigurées.

Je ne pose pas un doigt sur la bouche,