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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/99

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Où les loups en hiver hurlent parmi les déserts de neige et les arbres couverts de glaçons,
Où le héron à crête jaune vient le soir au bord du marais se nourrir de petits crabes,
Où la pleine eau des nageurs et plongeurs rafraîchit le chaud midi,
Où la cigale joue de son pipeau chromatique, perchée sur le noyer au-dessus du puits,
Par des champs de cédrats et concombres avec leurs feuilles aux filaments argentés,
Par le salin où viennent les bêtes ou la clairière aux orangers, sous des sapins coniques,
Par le gymnase, par le salon avec ses tentures, par le bureau ou la salle de réunion ;
Content auprès des gens du pays, content auprès des étran­gers, content auprès du nouveau et de l’ancien,
Content auprès de la femme laide comme auprès de la beauté,
Content auprès de la quakeresse lorsqu’elle ôte sa coiffe et parle de sa voix mélodieuse,
Content de l’air du chœur dans l’église aux murs blancs,
Content des paroles enflammées du prédicateur méthodiste en nage, sérieusement remué par le service en plein air ;
Regardant aux devantures des boutiques de Broadway l’après-midi entière, le nez aplati contre l’épaisse vitrine,
Me baladant la même après-midi le visage levé en l’air vers les nuages, ou le long d’un chemin champêtre ou sur la plage,
Mon bras droit et mon bras gauche passés chacun autour de la taille d’un ami, moi au milieu ;
Rentrant au logis avec l’homme de la brousse taciturne et basané (il chevauche derrière moi à la quittée du jour),
Loin des colons étudiant les empreintes de pieds d’animaux, ou celles des mocassins,