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ESCALADES DANS LES ALPES.

tiane était là, suivie de près par les saxifrages et par la Linaria alpina, mais dépassée par le Thlaspi rotundifolium, dernière plante que j’aie pu cueillir à cette hauteur, bien qu’elle fût elle-même dominée par une petite fleur blanche qui m’était inconnue et qu’il me fut impossible d’atteindre[1].

La tente était en bon état, bien que recouverte de neige. Ras-

  1. Voici celles que je recueillis : Myosotis alpestris, Gm. ; Veronica alpina, L. ; Linaria alpina, M. ; Gentiana Bavarica, L. ; Thlaspi rotundifolium, Gaud. ; Silene acaulis, L. (?) ; Potentilla, sp. ; Saxifraga, sp. ; Saxifraga muscoides, Wulf. C’est à M. William Carruthers, du British Museum, que je suis redevable de ces dénominations.

    Ces plantes se trouvaient réunies dans un espace compris entre 3200 mètres et un peu moins de 3950 mètres ; c’est la plus grande hauteur où je les ai vues dans toutes les Alpes. On peut, je n’en doute pas, recueillir dans ces limites un plus grand nombre d’espèces différentes. Mon intention n’était pas de collectionner la flore du Cervin, mais d’obtenir les plantes qui atteignent la hauteur la plus considérable. On ne trouve guère de lichens dans les parties les plus élevées de cette montagne. Leur rareté doit certainement être attribuée à l’incessante désagrégation des rochers qui découvre de nouvelles surfaces. La plante que de Saussure trouva à la plus grande altitude, dans ses voyages dans les Alpes, est le Silene acaulis. Il raconte (§ 2018) qu’il en cueillit une touffe près de l’endroit où je dormis (à mon retour de l’ascension du Mont-Blanc), à environ 1780 toises (3471 mètres) au-dessus du niveau de la mer.

    M. William Mathews et M. Charles Packe, qui ont tous deux herborisé dans les Alpes et dans les Pyrénées pendant de longues années, ont bien voulu me donner les noms des plantes qu’ils ont rencontrées aux plus grandes altitudes. Bien que peu considérables, leurs listes sont intéressantes parce qu’elles déterminent les limites extrêmes atteintes par quelques-unes des plantes alpestres les plus vigoureuses.

    Voici celles que mentionne M. Mathews :

    Campanula cenisia (recueillie sur le Grivola, 3670 mètres) ; Saxifraga bryoides et Androsace glacialis (sur les sommets du Mont-Emilius, 3560 mètres, et du Ruitor, 3500 mètres) ; Ranunculus glacialis, Armeria alpina et Pyrethrum alpinum (sur le Mont-Viso, entre 3048 mètres et 3200 mètres) ; Thlaspi rotundifolium et Saxifraga biflora (Mont-Viso, à environ 2900 mètres de hauteur) ; Campanula rotundifolia ( ?), Artemisia spicata (Wulf) ; Aronicum doronicum et Petrocallis Pyrenaica (col de Seylières, 2820 mètres).

    M. Packe recueillit, tout près du sommet, sinon sur le sommet lui-même du Pic de Mulhahacen, dans la Sierra Nevada de Grenade, élevé d’environ 3550 mètres, Papaver alpinum (var. Pyrenaicum), Artemisia Nevadensis (dont on se sert pour donner du bouquet au Sherry de Manzanilla), Viola Nevadensis, Galium Pyrenaicum, Trisetum glaciale, Festuca clementei, Saxifraga Grœnlandica (var. Mista), Erigeron alpinum (var. glaciale) et Arenaria tetraquetra. Les mêmes plantes furent recueillies, excepté la première, sur le Picacho de Veleta (3487 mètres) et sur l’Alcazaba (3458 mètres).

    M. Packe recueillit sur ces mêmes montagnes, à une altitude de 3400 mè-