Page:Whymper - Escalades dans les Alpes.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
CHAPITRE VIII.

pouvait déployer toutes ses facultés, plus il était heureux. Les endroits où vous et moi eussions « peiné, et sué bien que gelés jusqu’aux os », n’étaient pour lui que bagatelles. Quand il s’élevait au-dessus de la foule des hommes ordinaires, dans les
Michel-Auguste Croz (1865).
circonstances qui exigeaient l’emploi de sa force prodigieuse et de la connaissance incomparable qu’il avait des glaces et des neiges, alors seulement on pouvait dire que Michel Croz se sentait complétement et réellement heureux.

De tous les guides avec lesquels j’ai voyagé, Michel Croz est celui que j’ai préféré. Il faisait son devoir de tout cœur. Nul besoin de le presser ou de lui répéter deux fois le même ordre. Il suffisait de lui dire ce qu’il fallait faire, comment il fallait le faire, et ce qu’on lui avait demandé était fait si cela était possible. De tels hommes ne sont pas communs, et, quand on les rencontre, on les apprécie à leur juste valeur. Michel n’avait pas une grande réputation, mais ceux qui le connaissaient revenaient toujours à lui. L’inscription placée sur sa tombe rappelle avec vérité qu’il était « aimé de ses camarades, estimé des voyageurs. »

Dans le même moment où je traçais le plan de mon voyage, mes amis MM. A. W. Moore et Horace Walker dressaient aussi leur programme, et, comme nos intentions étaient à peu près semblables, nous convînmes de réunir nos deux expéditions pour n’en former qu’une seule. Les excursions décrites dans ce chapitre et dans les deux chapitres suivants ont