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Page:Whymper - Escalades dans les Alpes.djvu/285

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CHAPITRE XII.

plusieurs semaines enchaîné les éléments était rompu, et le cirque qui s’étend du Weisshorn à Lo Besso devint le théâtre sur lequel ils firent éclater leur rage.

Une sombre matinée succéda à cette nuit agitée. Nous étions fort indécis. Devions-nous avancer ou redescendre dans la vallée ? Dans l’espoir que le bien l’emporterait sur le mal, nous quittâmes le chalet à 5 heures 40 minutes, à la recherche de notre passage. [Nous partîmes, dit Moore, escortés des assurances les plus encourageantes de tous les habitants du chalet. « Ne vous inquiétez pas du temps, disaient-ils, car il est absolument impossible de monter au col que vous voulez gravir. »]

Nous dûmes d’abord escalader quelques pentes ordinaires, puis traverser le plateau d’un glacier. Avant de quitter ce glacier, il devint indispensable de déterminer exactement la direction qu’il nous fallait suivre. Deux opinions nous divisaient. J’étais d’avis de gouverner droit au sud et de gagner le plateau supérieur du glacier de Moming en décrivant un grand détour à droite. Cette motion fut repoussée à l’unanimité. Almer pensa qu’il valait mieux tâcher d’atteindre quelques rochers au sud-ouest du Schallhorn, pour monter de là sur le plateau supérieur du glacier. Croz chercha à concilier nos deux avis en proposant de passer par un glacier escarpé et tourmenté. La route de Croz semblait devoir être véritablement impraticable, parce qu’elle nous obligerait à tailler un grand nombre de pas dans la glace. Les rochers d’Almer n’avaient pas bonne apparence ; peut-être serait-il impossible de les gravir. Trouvant ces deux chemins très-mauvais, je refusai de choisir. Moore hésita, Almer céda, et la route de Croz fut adoptée.

Cependant Croz n’alla pas bien loin sans être forcé de reconnaître qu’il avait entrepris une tâche au-dessus de ses forces ; [alors, jetant un coup d’œil autour de lui pour voir ce que nous en pensions, il insinua qu’il serait peut-être plus prudent de se diriger vers les rochers du Schallhorn.] En un mot, il proposait de préférer la route d’Almer à la sienne. Personne ne s’y opposant, il se mit à tailler des pas dans la pente de glace qui aboutissait aux rochers.