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ESCALADES DANS LES ALPES.


vir l’arête qui relie le Hörnli au Cervin[1]. À 11 heures et demie, nous arrivions ainsi à la base du pic principal ; là, quittant l’arête, nous dûmes contourner quelques saillies de rochers pour gagner le versant oriental. Parvenus alors sur la montagne même, nous constatâmes, à notre grand étonnement, que des pentes qui paraissaient absolument inaccessibles, vues du Riffel ou même du glacier de Furggen, étaient si faciles à gravir que nous pouvions presque monter en courant.

Avant midi, une position excellente avait été trouvée pour la tente, à une hauteur de 3350 mètres[2].

Croz partit en reconnaissance avec le jeune Pierre, afin d’épargner notre temps le lendemain matin. Ils traversèrent à leur extrémité supérieure, en taillant des pas, les pentes de neige qui descendent dans la direction du glacier de Furggen et dis-

    d’escalader l’Ober Gabelhorn (accompagné du vieux Pierre et de Jos. Viennin) ; cette expédition m’avait donné une haute idée de sa force et de son adresse, car, peu de semaines auparavant, j’avais examiné l’Ober Gabelhorn sous toutes ses faces, et les obstacles qu’il présentait m’avaient fait renoncer à son ascension.

    Personnellement, je connaissais fort peu M. Hudson ; cependant je me serais très-volontiers placé sous ses ordres, s’il lui eût convenu de réclamer la position, à laquelle il avait tous les droits, de chef de l’expédition. Ceux qui l’ont connu ne seront aucunement surpris d’apprendre que, loin de se poser en chef, il saisit toutes les occasions de consulter les goûts et les opinions de ses compagnons. Plusieurs fois nous eûmes à délibérer ensemble sur le meilleur parti à prendre, et les autres membres de l’expédition sans exception s’inclinèrent devant notre autorité. Toute la responsabilité pesait donc sur nous deux. Je me rappelle du reste avec une grande satisfaction qu’il n’y eut jamais entre nous la moindre divergence d’opinion, et que l’harmonie la plus parfaite ne cessa de régner parmi nous tous, tant que nous fûmes réunis.

  1. Arrivée à la chapelle à 7 h. 30 min. du matin ; départ à 8 h. 20 min. ; halte à 9 h. 30 min. pour examiner la route ; départ à 10 h. 25 min. ; arrivée à 11 h. 20 min. au cairn élevé par M. Kennedy en 1862 (v. p. 97) et marqué sur la carte à 3298 mètres de hauteur. Halte de 10 min. Du Hörnli jusqu’à ce point, nous avions suivi autant que possible la crête de l’arête. La plus grande partie du chemin fut extrêmement facile, mais il fallut pourtant se servir de la hache dans quelques endroits.
  2. Jusqu’à ce point aucun des guides ne tint la tête. Hudson et moi nous remplîmes l’office de guide-chef, et lorsqu’il fallut tailler des pas, nous les taillâmes nous-mêmes. Nous en agîmes ainsi pour ménager les guides et pour leur prouver que nous prenions notre rôle au sérieux. Le lieu où nous campâmes, situé juste au niveau du Furggengrat, était à 4 heures de marche de Zermatt.