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CHAPITRE XXI.

humiliés, abattus, sombres et découragés[1]. — « Ce n’est que trop vrai, dirent-ils, nous les avons vus de nos propres yeux,

Le premier drapeau planté sur le Cervin.


ils ont fait rouler des pierres sur nous ! L’ancienne tradition est vraie, la cime du Cervin est défendue par des esprits ! »

Nous retournâmes à l’extrémité méridionale du sommet, pour

  1. M. Giordano fut naturellement très-désappointé de cet insuccès et voulut faire repartir les guides. Tous refusèrent, excepté Jean-Antoine. Le 16 juillet, il repartit avec trois autres guides ; le 17, il atteignit le sommet, en montant d’abord par l’arête du sud-ouest, puis par le Z’Mutt, ou arête du nord-ouest. Il redescendit au Breuil le 18.

    Pendant le temps que nous passâmes sur l’extrémité méridionale de l’arête qui forme le sommet, nous examinâmes avec attention la partie de la montagne qui se trouvait entre nous et les guides italiens. D’après son aspect, il semblait qu’ils ne dussent pas avoir la plus faible chance de succès, s’ils tentaient d’escalader le sommet en montant directement de l’extrémité de « l’Épaule ». Ils ne pouvaient que suivre la route dont j’avais si souvent parlé avec Carrel, c’est-à-dire, ils devaient monter d’abord directement à partir de l’extrémité de « l’Épaule », puis faire un détour à gauche sur le côté du glacier de Z’Mutt et achever l’ascension par l’arête nord-ouest. Cette idée nous fit rire, quand nous étions sur la cime. La partie de la montagne que nous avions gravie n’était