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CHAPITRE II.

excursions j’en aperçus moi-même plusieurs groupes aux environs du Viso. Cette contrée offre peut-être autant de chances qu’aucune autre région des Alpes à un chasseur de chamois, parce que les lieux dans lesquels ces animaux se tiennent d’ordinaire n’y sont sous aucun rapport d’un abord très-difficile.


Colonne naturelle près de Molines

Le jour suivant je descendis la vallée jusqu’à Ville-Vieille. Près du village de Molines, du côté opposé de la rivière, je remarquai une curieuse colonne naturelle, haute d’environ 21 mètres[1], assez semblable d’aspect à une bouteille de champagne, qui avait été lentement formée par les intempéries de l’atmosphère, et, suivant toute probabilité, surtout par la pluie. Dans ce cas, un « bloc d’euphotide protége un calcaire friable[2]. » La singularité de la forme qu’ont acquise ces colonnes et le contraste qu’offre leur base blanchâtre avec l’espèce de bonnet noir qui les surmonte, attirent vivement l’attention. Ces colonnes naturelles peuvent être rangées parmi les exemples les plus remarquables des puis-

  1. Note du traducteur. M. Whymper doit se tromper ; il y en a cinq ; la plus haute a, dit-on, 12 mètres. On les appelle dans le pays les colonnes coiffées, parce qu’elles portent à leur sommet un bloc de serpentine tombé sans doute du sommet de la crête. Évidemment la base de la montagne a été érodée par les eaux du torrent, et ces aiguilles, laissées debout, indiquent la hauteur à laquelle s’élevait autrefois le sol de la vallée.
  2. J. D. Forbes.