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ESCALADES DANS LES ALPES.

« Du côté de Modane, on remarque, à deux kilomètres environ de l’entrée, une petite source, froide, ferrugineuse, dont le débit ne dépasse pas un demi-litre par seconde ; l’eau est excellente à boire et a servi à désaltérer les ouvriers. Au delà de cette source, on ne trouve plus que quelques suintements sans importance. La voûte reste sèche sur la plus grande partie du parcours.

« Il avait été stipulé que si, pendant le travail, on rencontrait quelque mine exploitable, la possession en reviendrait de droit au gouvernement italien. Bien que la montagne renferme quelques filons de plomb argentifère, la galerie, dans son trajet, n’a coupé que des veines de spath, de quartz hyalin, et accidentellement un peu de galène en druse. Voici, du reste, selon les profils externes et internes, la puissance des couches traversées par ce véritable sondage horizontal :

Extérieur. Intérieur.
Terrain à anthracite, puissance……….. 1772 mèt. " c. 2096 mèt. 50 c.
Quartzites…………………………………. 537 — " 388 — 50
Calcaires compactes, plâtre et dolomie 306 — " 355 — 60
Schistes calcaires……………………….. 9618 — 55 9392 — 25

« Si la voûte n’était pas muraillée, on verrait, pendant la plus grande partie du chemin, la roche noire, feuilletée, ardoisée, avec veines quartzeuses, qui forment tout le versant italien.

« À pied, il faut trois heures pour traverser le souterrain ; il est inutile d’ajouter que le chemin est monotone. Le couloir est sombre ; quelques becs de lumière placés de loin en loin, et des transparents lumineux indiquant les distances kilométriques, tranchent seuls sur l’obscurité de la galerie. On avance entre deux murailles qui vous défendent contre l’écroulement des roches et qui se déroulent en ligne droite jusqu’au versant opposé. Au milieu du tunnel, on rencontre seulement une excavation assez large de la roche ; elle a été muraillée et l’on en a fait un bureau télégraphique pour correspondre avec les bureaux de Bardonnèche. De là, on n’aperçoit ni l’extrémité nord ni l’extrémité sud du souterrain. L’atmosphère chargée des fumées des lampes n’est pas assez transparente pour que la