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la patricienne



VII


La lutte entre ces deux caractères se continua durant les jours suivants. Les mêmes émotions que Jean avait éprouvées, le soir de son retour, lui furent encore abondamment mesurées, chaque fois que l’étranger faisait une apparition à la maison de campagne. Raconter tous les incidents de l’existence que l’on menait à Beau-Port nous conduirait trop loin. D’ailleurs, nous doutons que la peinture minutieuse des moindres détails de leur vie puisse placer nos jeunes gens sous un meilleur jour. Au surplus, nous devons ajouter que ces menus faits, parfois l’explosion spontanée d’une parole trop vive, à laquelle cependant on ne donnait aucune signification bien définie, prenaient dans le cerveau surexcité de Jean Almeneur des proportions très grandes, des allures d’événements importants. On exagère si aisément ce que l’on désire, comme ce que l’on redoute.

Dougaldine se trouvait dans une disposition d’esprit à peu près analogue. Le jour du départ pour la montagne, elle avait subitement ressenti toute l’influence que le docteur exerçait sur elle-même et sur ses délibérations. Elle s’aperçut aussitôt de son éloignement et, vers le soir, quand on lui avait remis la dépêche, elle eût voulu fuir dans sa chambre pour cacher à sa tante qui avait l’air de l’observer