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ÂME BLANCHE

Mais j’avais vu, tout de suite, mon petit lit de chez nous, dressé là, à côté de celui de la vieille fille : cette découverte, en me convaincant de la justesse de mes craintes, en me prouvant que j’allais rester au milieu des Veydt, à demeure, exaspéra ma peine et je reculai avec horreur, tenant à deux mains ce pauvre chapeau pour qu’on ne pût me le prendre. D’un bond, je m’étais précipitée vers la porte close et j’y déchirais mes ongles, sans parvenir à l’ébranler. Ma tante Josine haussait les épaules ; elle se défit de son manteau et de ses gants, puis, me demanda d’un ton sérieux, comme elle se fût adressée à une grande personne :

— Voulez-vous, oui ou non, me laisser vous ôter votre chapeau ?

— Non, non ! répliquais-je avec une énergie boudeuse, un profond désespoir.

Elle ôta le sien, changea de robe, noua un tablier de mérinos autour de sa taille et commença de vider une malle qui était là et que je reconnus pour avoir appartenu à maman : toutes mes petites affaires s’y trouvaient entassées. Mon émotion augmenta, et, inconsciemment, car j’étais trop jeune pour avoir la foi, je joignis les mains et murmurai, ayant, sans doute, entendu prononcer ces mots par d’autres dans les moments d’affliction :

— Mon Dieu !

Je les répétai à plusieurs reprises, torturée d’un