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ÂME BLANCHE

— Voici venir les froids, observaient ces dames, c’est bientôt « la soirée ».

Mme Veydt faisait embellir son bonnet de gala, en vue de cette réception et, pour n’être point prise de court, l’envoyait chez sa modiste dès la mi-octobre ; ma tante Josine retirait de l’armoire sa robe puce, d’une soie si vénérable, si mince, si volatile qu’on l’eût dite en papier brûlé, enfin, dans le sous-sol, une délirante agitation régnait : Wantje s’y livrait à un examen attentif des moindres objets destinés à contenir les babioles que les convives devaient absorber, sous forme de rafraîchissements et d’honnêtes pâtisseries, en cet exceptionnel jour du 31 décembre.

Un événement aussi considérable ne pouvait avoir lieu sans qu’on eût, d’abord, procédé à un nettoyage rigoureux de toute la maison : les tapis étaient soulevés, retournés, battus ; les rideaux de vitrage étaient lavés à neuf, les meubles, débarrassés de leur houssé de percale. On aérait généreusement le grand salon du rez-de-chaussée qui, sauf en ce moment-là, était accoutumé de dormir dans l’ombre triste des persiennes baissées, des volets clos, et où l’on n’entrait jamais ; la salle-à-manger d’apparat, qui lui faisait suite, dont on ne se servait pas davantage en temps ordinaire, subissait la même opération. Puis Mme Veydt faisait dépouiller des mousselines gommées qui lui