Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/201

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La première fois, ils viennent toujours, mais ensuite, ils ne paraissent plus au rendez-vous.

Ils n’aiment pas à poser dans l’immobilité, et ils ont une forte, mais peut-être naturelle, aversion à prendre des airs pathétiques.

En outre, ils sont sous l’impression constante que l’artiste se moque d’eux. C’est un fait fâcheux, mais un fait certain que les pauvres gens sont complètement inconscient de leur qualité de pittoresque.

Ceux d’entre eux qu’on décide, non sans peine, à poser, le font avec l’idée que l’artiste n’est pas autre chose qu’un philanthrope bienveillant, qui a fait choix d’un moyen excentrique pour distribuer des aumônes aux gens qui ne le méritent pas.

Peut-être le Bureau des Écoles de Beaux Arts apprendra-t-il au gamin de Londres sa valeur artistique, et alors il sera un modèle meilleur qu’il ne l’est maintenant.

Le modèle de l’Académie jouit d’un privilège remarquable, le droit d’extorquer un shelling à tout associé ou membre de l’Académie Royale nouvellement élu.

Ces modèles attendent à Burlington House que l’élection soit annoncée, et alors ils se dirigent au pas de course vers la demeure de l’artiste.

Celui qui arrive le premier reçoit l’argent.

Dans ces derniers temps, ils ont eu beaucoup de mal à cause des longues distances qu’ils ont dû franchir à la course, et ils apprennent avec mécontentement l’élection d’artistes qui habitent à Hampstead ou à Bedford-Park, car ils se font un point d’honneur de ne