Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/130

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maîtres français n’auraient pas pu tirer d’eux plus que ne faisaient leurs maîtres anglais.

H. — C’est vrai ; et nous pouvons reconnaître que la prétention du gouvernement de protéger les gens pauvres (c’est-à-dire utiles) contre les autres pays aboutit à rien. Mais cela est bien naturel ; car nous avons déjà vu que c’était la fonction du gouvernement de protéger les riches contre les pauvres. Mais le gouvernement ne défendait-il pas ses hommes riches contre les autres nations ?

Moi. — Je ne me rappelle pas avoir entendu dire que les riches eussent besoin de défense ; car on dit que lorsque deux nations étaient en guerre, les hommes riches de chaque nation jouaient entre eux à peu près comme d’habitude et même se vendaient des armes qui servaient à tuer leurs propres compatriotes.

H. — Bref, on aboutit à ceci que, tandis que le soi-disant gouvernement de protection de la propriété au moyen des tribunaux signifiait destruction de richesse, cette défense des citoyens d’un pays contre ceux d’un autre pays au moyen de la guerre ou de la menace de guerre signifiait sensiblement la même chose.

Moi. — Je ne peux le nier.

H. — Alors le gouvernement existait en réalité pour la destruction de la richesse ?

Moi. — Il semble. Et pourtant…

H. — Pourtant quoi ?

Moi. — Il y avait beaucoup de gens riches, dans ce temps-là.