Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/172

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voici, et c’est moi. Je ne vais pas perdre tout de suite le plaisir de sa compagnie, surtout lorsque je sais qu’il a quelque chose de plus à me demander. Allez donc rejoindre vos Gallois, c’est très bien ; mais avant tout apportez-nous une autre bouteille de vin dans notre coin, et puis filez tant que vous voudrez, et revenez chercher notre ami pour aller vers l’ouest, mais pas trop tôt.

Dick acquiesça en souriant, et le vieillard et moi restâmes bientôt seuls dans la grande salle, le soleil de l’après-midi luisant sur le vin rouge dans nos grands verres aux formes gracieuses. Hammond dit :

— Y a-t-il quelque chose qui vous intrigue particulièrement dans notre manière de vivre, maintenant que vous en avez entendu raconter assez et que vous en avez vu un peu ?

— Je crois que ce qui m’intrigue le plus est de savoir comment tout cela s’est produit.

— Cela se conçoit ; le changement est si grand. Il serait difficile de vous raconter toute l’histoire, peut-être impossible : savoir, mécontentement, traîtrise, désappointement, ruine, misère, désespoir, — ceux qui ont travaillé au changement, parce qu’ils savaient voir plus loin que les autres, ont traversé toutes ces phases de souffrance ; et il n’y a pas de doute que tout le temps la plupart des hommes ont assisté, sans comprendre ce qui se passait, trouvant tout cela très naturel, comme le lever et le coucher du soleil ; et ce l’était bien aussi.

— Dites-moi une chose, si vous le pouvez. Le