Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/18

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le voir rester là, comme s’il attendait le pourboire inévitable, suite de tout service rendu à un concitoyen. Je mis donc la main à ma poche de gilet, et demandai : « Combien ? » tout en éprouvant le sentiment désagréable que j’offrais peut-être de l’argent à un gentleman.

Il parut embarrassé, et dit :

— Combien ? Je ne comprends pas tout à fait de quoi vous parlez. Est-ce la marée ? Dans ce cas, on est tout près du changement maintenant.

Je rougis, et dis, en bégayant :

— Je vous prie de ne pas prendre mal ma question ; je n’ai pas l’intention de vous offenser : mais qu’est-ce que je vous dois ? Vous voyez que je suis un étranger, et je ne connais pas vos habitudes,… ni votre monnaie.

Et en même temps je sortis une poignée de pièces de ma poche, comme on fait en pays étranger, et ce faisant, je vis que l’argent s’était oxydé, et avait pris la couleur d’un poêle de fonte.

Il parut encore embarrassé, mais nullement offensé ; et il regarda les pièces avec quelque curiosité. Je me dis : Bon, tout de même, il est marinier, et, il réfléchit combien il peut se risquer à demander. Il a l’air d’un si brave garçon que je ne lui disputerai pas un prix un peu exceptionnel. Je me demande, après tout, si je ne vais pas le louer comme guide, pour un jour ou deux, puisqu’il est si intelligent.

Là dessus, mon nouvel ami dit d’un air réfléchi :

— Je crois savoir ce que vous voulez dire. Vous