Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelque chose que je n’avais jamais vu encore ; sans hésiter, je le suivis, avec Ellen à mon côté, vers les digues dont je me souvenais bien, et vers l’église au-delà, qui servait encore, pour différents usages, aux bonnes gens de Dorchester, où, — soit dit en passant, — la maison des Hôtes du village portait encore comme enseigne la fleur de lys, comme au temps de l’hospitalité achetée et vendue. Pour cette fois, cependant, je n’exprimai en rien que tout cela me fût familier : mais lorsque nous restâmes un moment assis sur le remblai des digues, à regarder Sinodun avec sa tranchée nette et son frère le mamelon de Whittenham, je me sentis un peu gêné sous le grave regard attentif d’Ellen, qui fit presque sortir de moi ce cri : « Combien peu tout cela a changé ! »

Nous nous arrêtâmes encore à Abingdon, qui, de même que Wallingford, me fut à la fois ancien et nouveau, ayant été relevé de son délabrement du dix-neuvième siècle, et, à part cela, aussi peu modifié que possible.

Le coucher du soleil illuminait le ciel, lorsque nous longeâmes Oxford vers Oseney ; nous nous arrêtâmes une minute ou deux pour déposer Henry Morsom. Bien entendu, je ne manquai, autant qu’on pouvait les voir du fleuve, aucune des tours et des flèches de cette ville jadis grandiosement sportive ; mais les prairies tout autour, qui, lorsque je les avais traversées pour la dernière fois, devenaient de jour en jour plus sales, de plus en plus marquées au sceau de « la vie intellectuelle et agitée du dix-neuvième