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qui prenait toute la largeur du lit, sauf un passage pour la circulation, mais qui était aussi beau dans son genre qu’une cathédrale gothique. Vous avez l’air étonné qu’il soit si agréable à regarder.

— Oui, dis-je, et je le suis, en un sens, quoique je ne voie pas pourquoi il ne serait pas agréable.

— Ah ! dit-elle avec admiration, mais avec un sourire voilée sur sa figure, vous savez tout de l’histoire du passé. N’ont-ils pas toujours été soigneux de cette petite rivière qui aujourd’hui ajoute tant au charme de la campagne par ici ? Il a dû toujours être facile de prendre soin de cette petite rivière. Ah ! j’oubliais, dit-elle en saisissant mon regard, à l’époque à laquelle nous pensons, on ne tenait aucun compte de l’agrément en pareille matière. Mais comment traitaient-ils la rivière, au temps où vous… — elle allait dire « viviez », mais elle se reprit — au temps dont vous avez souvenir ?

— Ils ne la soignaient pas, ils l’abîmaient. Jusqu’à la première moitié du dix-neuvième siècle, lorsqu’elle constituait encore une route plus ou moins importante pour les gens de la campagne, on prit quelque soin du fleuve et de ses rives, et sans que, je crois, personne se préoccupât de son aspect, il était cependant propret et gentil. Mais lorsque les chemins de fer — dont certainement vous avez entendu

    eux n’était déplaisant à voir et beaucoup d’une beauté frappante, et les jardins qui les entouraient avaient un charme merveilleux. (Note de l’auteur.)