Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/54

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— Après tout, je ne sache pas que cela leur fasse grand tort, même s’ils poussent étudiants de livres. Des gens comme ça, c’est grand plaisir de les voir si heureux à des travaux qui ne sont guère recherchés. Et de plus, ces étudiants sont d’habitude des gens si agréables, si aimables et d’humeur si douce, si humbles, et en même temps si désireux d’enseigner à chacun tout ce qu’ils savent. En vérité, j’aime prodigieusement ceux que j’ai rencontrés.

Ceci me parut un discours tellement étrange, que je fus sur le point de lui poser une autre question, lorsqu’en arrivant au haut d’une montée, j’aperçus au bas d’une longue clairière, sur ma droite, un majestueux monument, dont la silhouette m’était familière, et je m’écriai :

— L’abbaye de Westminster !

— Oui, l’abbaye de Westminster…, ce qui en reste.

— Oh, qu’est-ce que vous en avez fait ? demandai-je.

— Qu’est-ce que nous en avons fait ? dit-il ; pas grand chose, nous l’avons nettoyée seulement. Mais vous savez que tout l’extérieur a été abîmé, il y a des siècles ; quant à l’intérieur, il a recouvré sa beauté depuis le grand débarras qui eut lieu il y a plus de cent ans ; il était alors encombré d’affreux monuments élevés à des imbéciles et à des valets, à ce que dit mon arrière grand-père.

Nous continuâmes un peu ; je regardai de nouveau à droite, et je dis, d’un ton assez hésitant :