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Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/59

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le xviie siècle


Fig. 37. — Mantienne dans le rôle de la Haine (Armide, de Lully, 1686).

D’autres actrices, d’une beauté très enviable, ne négligeaient point d’exhiber en public un peu de leurs charmes secrets, telle la Du Parc, la célèbre marquise pour laquelle soupirait en vain le vieux Corneille, et que le jeune Racine enleva à Molière. D’abord danseuse dans les ballets du roi, avant d’entrer dans la troupe de Molière, elle faisait, dit Mlle Poisson, « des cabrioles remarquables, car on voyait ses jambes et partie de ses cuisses, par le moyen de sa jupe, fendue des deux côtés, avec des bas de soie attachés en haut d’une petite culotte ».

Ce fut aussi la Desmatins, ex-laveuse de vaisselle, une des gloires de l’Opéra de Lulli [1], qui avant de devenir un des premiers sujets de chant, avait tenu le rôle de la danse ; mais gênée par l’embonpoint, elle avait dû quitter le domaine des entrechats pour celui des vocalises ; singuliers effets d’une singulière cause : elle fut une cantatrice merveilleuse, la Vénus d’Hésione, l’Argine d’Omphale, l’Iphigénie, acclamée par un public enthousiaste.

    de petites jambes, un visage rond, un nez court et relevé, une grande bouche remplie de dents pourries et une gorge horriblement grasse ; cela charmait le Dauphin car il frappait dessus comme sur des timbales. ».

  1. Cet ex-marmiton de Mlle de Montpensier fut congédié après avoir mis en musique des couples satiriques sur un lapsus ani de la princesse, à propos de son amour contrarié pour le duc de Lauzun :

    Mon cœur outré de déplaisirs
    Était si gros de ses soupirs,
    Voyant votre cœur si farouche,
    Que l’un d’eux, se trouvant réduit
    À ne pas sortir par la bouche,
    Sortit par un autre conduit.