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À cette déviation de la régularité primitive du système, il faut joindre encore celle-ci : les plans des orbites n’ont pas non plus conservé leur coïncidence primitive avec le plan de l’équateur de la nébuleuse. Ce dernier est très probablement représenté aujourd’hui par le plan du maximum des aires ou plan invariable du système. D’après les calculs de M. Stockwell (Smithsonian contributions to knowledge, vol. XVIII, p. 166, Washington), la position de ce plan est définie comme il suit par rapport à l’écliptique fixe de 1850 :

Longitude du nœud ascendant ...... 106.°14.06,000.
Inclinaison ............ ...... 001.55.19,376.

L’explication de ces inclinaisons n’a été qu’indiquée par Laplace : « Si le système solaire s’était formé avec une parfaite régularité, les orbites des corps qui le composent seraient des cercles dont les plans, ainsi que ceux des divers équateurs et des anneaux, coïncideraient avec le plan de l’équateur solaire ; mais on conçoit que les variétés sans nombre, qui ont du exister dans la température et la densité des diverses parties de ces grandes masses, ont produit les excentricités de leurs orbites, et les déviations de leurs mouvements, du plan de cet équateur. » (Exp. du Syst. du monde, t. II, p. 559.)

M. Trowbridge a cherché à préciser un peu plus ces causes d’altération de la régularité idéale du système : « Si les matériaux composant les anneaux étaient distribués de manière à faire qu’une plus grande masse fût détachée d’un côté de l’équateur que de l’autre, il en résulterait, au moment de la séparation de l’anneau, un changement dans la direction de l’axe de rotation du corps tournant (le sphéroïde solaire), et ainsi chaque anneau pourrait être incliné par rapport à celui qui s’est détaché avant lui ; mais, comme la masse d’un anneau n’a jamais été qu’une très petite fraction de la masse totale, la séparation de cet anneau n’a pu changer que très peu l’axe de rotation de la nébuleuse. On doit donc s’attendre à trouver les planètes confinées dans une zone étroite du ciel. » [Trowbridge, On the nebular hypothesis (Silliman’s Journal, 2e série ; t. XXXVIII, p. 358)]. Il suivrait de là que la première planète formée doit avoir son orbite en coïncidence avec le plan invariable, et c’est en effet ce qui a lieu à très peu près