Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/154

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À onze trois quarts, rien ne s’était encore produit, sir Septimus ronflait comme un tuyau d’orgue, condition défavorable à l’établissement d’une embuscade adroite.

— La grosse brute, pensait Smith, Rogers l’entendra et prendra ses précautions ; nous ne le capturerons pas.

Mais à minuit moins dix, une lumière lunaire éclaira la chambre, et Green dit à voix basse :

— Monsieur Smith, les voyez-vous assis sur la banquette du milieu ?

— Non… cependant… il me semble qu’on marche.

— Ce sont eux… ils s’approchent… ils sont tout près de vous… ils vont vous toucher.

Smith se redressa, il avait la chair de poule.

— Prenez garde, monsieur Smith ! La momie va vous frapper. Comment ne la voyez-vous pas ?

— Où ? tripes d’Osiris !

— À votre droite.

— Ah ! je les vois ! C’est Rogers et quelque gypsie qui s’est travestie en momie. Vous avez votre revolver, Green ?

— Oui, monsieur Smith.

— Attention ! Armez-le…

La lumière s’éteignit brusquement ; le lourd silence ne fut troublé que par les ronflements rythmés de sir Septimus Long.

Deux ou trois minutes s’écoulèrent : elles semblèrent durer un siècle à l’impétueux Smith qui écarquillait les yeux, s’efforçant de découvrir quelque chose au milieu des ténèbres : il prêtait l’oreille, essayait d’entendre les bruits qui se faisaient dans la salle, entre les sonorités périodiques dont sir Septimus était la source endormie.

Ces ronflements irritaient le chef du département des antiquités égyptiennes, ils excitaient son humeur impulsive, et remplissaient son âme de fureur.

— Le vieil éléphant ne peut pas se taire… Que Seth l’étrangle…

— Oh ! il blasphème ! dit soudain une voix de soprano.