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Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/172

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lait bas, se montrait prévenante et veillait à ce que son verre de sherry fût toujours plein. Ce spectacle contribuait à exaspérer le docteur qui conservait l’espoir de remplacer son ami dans le cœur de la gentille Effie.

De retour au salon, miss Dermott, envers qui le jeune savant avait été d’une amabilité distraite, se résolut à le mettre au pied du mur.

— À quoi songez-vous donc ? dit-elle ; vous avez l’air d’être dans la lune.

Poussé par son vilain sentiment de jalousie, Martins s’était rapproché des deux jeunes gens.

— Vous demandez à quoi il songe ? interrogea-t-il sans souci des convenances, à sa momie, parbleu !

L’intervention du docteur Martins mit fin à la rêverie du jeune homme, qui prit soudain conscience de la situation ; il se rendit compte de la portée des attentions d’Effie. Il était réellement engagé avec elle. Ses engagements étaient écrits et aucun tribunal n’aurait hésité à lui infliger une forte indemnité pour rupture de promesse de mariage.

Et cependant il ne pouvait sérieusement penser à épouser sa cousine, maintenant qu’il connaissait Nefert-thi et qu’il avait goûté dans des rêves étranges la douceur de ses baisers.

Les circonstances étaient cruelles pour l’honnête garçon. Il ne voulait pas faire le moindre chagrin à sa cousine, qu’il aimait bien ; mais il ne pouvait pourtant l’épouser la tête et le cœur pleins d’une autre image, chimérique peut-être, mais qu’il chérissait uniquement.

Et il ressassait ces choses si contradictoirement affligeantes.

— Il est à cent lieues de nous, miss Dermott ! Il est sans doute dans quelque temple égyptien, avec l’ombre de sa momie !

— Qu’est-ce que cela peut bien vous faire, Martins ?

— Cela m’intéresse énormément, mon