Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/231

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Ce dernier, debout près de sa table de travail, regardait d’un air atterré la jeune Française qui entrait, laissant voir au travers de son léger vêtement la beauté délicate de son corps gracieux, et il eut honte de l’abus que Nefert-thi faisait de sa puissance.

— Mademoiselle Magda, allez-vous-en. Je vous conjure de rentrer chez vous.

Mais la fille de l’archéologue ne l’écoutait pas : son regard était fixé sur Nefert-thi qui levait le doigt vers son front.

Et Rogers vit Magda se prosterner aux pieds de l’Ombre et lui dire dans le plus pur égyptien :

— Commande, Nefert-thi. À toi vie, santé, force. Commande et j’obéirai.

— Relève-toi, Merytaten, dit doucement la momie, ou son double, relève-toi et écoute-moi. Rappelle-toi l’amitié de jadis et souviens-toi de tes serments dont la mort n’a pu te délier.

» J’ai besoin de toi. Es-tu prête à me servir ?

— Je suis entre tes mains, princesse. Ton esclave t’écoute.

Rogers, qui a vu des choses fort extraordinaires dans sa vie, déclare qu’il n’a jamais assisté à une scène plus impressionnante que celle-là.

Nefert-thi s’assit sur le lit, Magda s’accroupit sur le plancher, en face d’elle et l’ombre désignant de la main l’orientaliste, prononça :

— Tu reconnais cet homme, Merytaten ?

— Oui, Nefert-thi, je le reconnais. C’est Améni, le conducteur du char royal.

— Es-tu prête à le servir comme autrefois ?

— Je suis prête.

— Aten a voulu que l’heure de la vengeance et de la réparation fût venue : Sais-tu encore, ô Merytaten, voir les choses qui sont cachées aux yeux des mortels ?

— Essaye, prêtresse.

Nefert-thi fit alors des passes sur la tête de Magda ; celle-ci ferma les yeux et sembla