Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/159

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tout entier dans cette formule : un peuple libre sous un monarque absolu. « C’est dans la personne du roi que l’État réalise son plus haut idéal. » Ou, en d’autres termes, mieux vaut la tyrannie d’un seul que la tyrannie de plusieurs, puisque aussi bien la société humaine ne peut se passer d’une direction. Et de même Wagner, tout en refusant de se soumettre à aucune des églises établies, a toujours énergiquement affirmé la nécessité d’une religion. De même encore il voyait dans la propriété individuelle une des plaies de l’état social moderne, sans admettre pour cela les doctrines socialistes. « Tout mouvement politique, disait-il, aura désormais un caractère social ; mais ceci doit être entendu dans un tout autre sens que ne l’entendent nos socialistes. » Autant de thèses en apparence contradictoires : elles trouvent leur conciliation dans la doctrine philosophique et morale de Richard Wagner.

Dans le domaine de la philosophie, Wagner a eu deux maîtres : Feuerbach et Schopenhauer. Mais ni l’un ni l’autre, en réalité, ne lui ont donné autre chose que des formules, où il a fait entrer ses propres idées. De Feuerbach en particulier, M. Chamberlain a très clairement démontré que Wagner l’admirait sans presque l’avoir lu, et seulement parce qu’il le croyait l’adversaire