Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/160

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de la pliilosophie scolastique. L’influence de Schopenhaner a été sur lui infiniment plus profonde ; mais il n’a connu Schopenhaner qu’en 180.4, lorsque sa doctrine était déjà toute tracée, et qu’il l’avait même déjà exposée dans ses premiers Écrits théoriques. Et M. Chamberlain démontre par surcroît que, pour les principes essentiels de la doctrine, Wagner a refusé jusqu’au bout de subir la métaphysique de Schopenhaner. Il était, lui aussi, pessimiste ; et lui aussi, en un certain sens, considérait le renoncement à la volonté comme la voie du salut. Mais il n’admettait point que la souffrance et le mal fussent, dans le monde, des éléments éternels. Et personne au contraire n’a affirmé avec plus de force la possibilité d’une régénération.

Notre société moderne, en efl’et, lui apparaissait comme une société dégénérée. C’était notre soi-disant civilisation qui, suivant lui, avait achevé d’éloigner l’homme de sa destination véritable, et parmi les causes principales de la dégénérescence il citait l’argent, le mélange des races, l’abus de la nourriture animale. D’où résultait, pour lui, une morale toute différente de celle de Schopenhaner une morale dont la compassion était, en vérité, [le premier principe, avec le renoncement à la volonté égoïste, mais qui comportait ensuite une abondante série