Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/198

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profonde bassesse des sentiments réputés les plus hauts. Wagner fut d’abord stupéfait ; puis il se fâcha, il « éclata », comme il avait fait jadis pour la partition de Brahms. Dans un article de ses Feuilles de Bayreuth, il s’éleva, sans d’ailleurs nommer personne, contre ces « saturnales de la pensée » où les a philologues », comme les autres savants, sont trop enclins à se laisser aller, « Ils analysent tout, critiquent tout, disait-il, et ils ne s’aperçoivent pas que la réalité n’a aucun rapport avec leurs petites malices. » Mme Wagner, de son côté, écrivait à la sœur de Nietzsche : « Je n’ai presque rien lu du livre de ton frère, le peu que j’en ai lu m’ajant suffi pour comprendre que ton frère lui-même me saurait gré un jour de n’en avoir pas lu davantage. L’auteur de Schopenhauer comme éducateur raillant le christianisme ! Et cela sur le ton du premier plaisantin venu !… Quant à ce que Nietzsche s’imagine, que Parsijal n’a d’autre objet que de le réfuter, n’est-ce pas la preuve d’un singulier aveuglement, tant sur soi-même que sur le reste des choses ? » Ce qui n’empêchait pas Wagner d’envoyer à son ancien admirateur le poème de Parsifal, avec une dédicace des plus affectueuses. Mais désormais les relations des deux amis avaient pris fin : c’était, pour Wagner, un wagnérien de moins, un de