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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/208

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NOS MAÎTRES

préfets, pourquoi les prêtres sont si aveuglément soumis aux évêques et les évêques au pape, pourquoi les écoles françaises, depuis les primaires jusqu’aux supérieures, se montrent si peu aptes à former des hommes. Inutile de chercher, à travers les deux gros volumes, une exception, l’ombre d’un argument qui contredise la thèse. Ah ! comme l’on voudrait que la réalité eût ce bel ensemble, cette harmonieuse unité si claire et si raisonnable ! Et combien, à ce que doit être la réalité, on préfère cet admirable édifice que vient de bâtir M. Taine ! Car à tout le prestige de sa masse et de sa structure, il joint encore le charme d’un beau style coloré, rythmé, plein d’images sonores, d’un style où chacune des phrases est elle-même un chef-d’œuvre d’architecture patiente et hardie.


Voici maintenant le Napoléon de M. Arthur Lévy. Ce n’est plus un condottiere, mais un petit bourgeois, qui s’élève peu à peu dans l’échelle sociale à force de travail, d’économie et de sagesse pratique. Oubliez Castruccio Castracani et imaginez plutôt M. Laffitte le banquier, celui qui est devenuministrepour avoir su ramasser une épingle. Et ne croyez pas que je force la note : à toutes les pages de son livre M. Lévy insiste sur ce caractère éminemment bourgeois qu’il distingue en Napoléon. « La place que lui réservait le destin, dit-il, était la première à la tête de son pays, parce qu’elle était la première à la tête des travailleurs