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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/210

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NOS MAÎTRES

sionnés dont le cœur est brûlé à la fois de toutes les fièvres, un Alfred de Musset plus viril, et qui aurait eu l’énergie de vivre son rêve. M. Masson, dans ce premier volume, ne s’occupe que de ses amours ; mais avec quelle chaleur il nous en parle, et quelle flamme il nous fait voir toujours allumée dans son âme ! Son Napoléon savait toutes choses, mais par-dessus toutes choses, il savait aimer.

La campagne d’Italie, elle nous apparaît maintenant comme une prodigieuse sérénade offerte par cet amant sublime à la capricieuse Joséphine. Et plus tard, quand il a cessé d’aimer Joséphine, ah ! comme nous sommes loin du parfait bourgeois de M. Lévy ! De quelle convoitise passionnée il poursuit Mme Walewska, avec quels cris il l’appelle, de quels ardents baisers il couvre son beau corps, lorsque enfin, par amour pour sa patrie, elle s’est résignée à le lui livrer ! Le plus exalté des poètes, voilà Napoléon ! Et tel nous le retrouvons encore dans les bras de Marie-Louise, quand au contact de cette jeune chair toute sa chair se réveille, et que mille sources de tendresse, d’indulgence, de printanier espoir jaillissent de son cœur !


Ainsi M. Taine, M. Lévy, M. Masson nous offrent tour à tour un Napoléon suivant leur goût ; ce sont trois Napoléon si absolument différents l’un de l’autre qu’il y aurait folie à vouloir les concilier dans une image d’ensemble ; mais la tentation est