Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/139

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CHAPITRE III.


Le commandant de la cavalerie doit l’améliorer, en se montrant sévère sur le choix des chevaux, en exerçant les hommes à la manœuvra et en s’en faisant aimer et obéir.


Un citoyen venait d’être élu hipparque[1] ; je n’ai pas oublié l’entretien qu’eut Socrate avec lui. « Pourrais-tu nous dire, jeune homme, pourquoi tu as ambitionné d’être hipparque ? Ce n’était pas sans doute pour marcher à la tête des cavaliers : cet honneur appartient aux archers à cheval[2], qui précèdent même les hipparques. — Tu dis vrai. — Ce n’était pas sans doute pour te faire connaître : les fous eux-mêmes sont connus de tous. — Tu dis encore vrai. — N’est-ce pas parce que tu espères améliorer la cavalerie de la république, et, si l’on a besoin des cavaliers, rendre, à leur tête, des services à l’État ? — C’est, en effet, cela. — Voilà, par Jupiter, reprit Socrate, un but glorieux, si tu peux l’atteindre ! Enfin on t’a donc élu pour commander les chevaux et les cavaliers. — Justement. — Eh bien, dis-nous d’abord ce que tu as l’intention de faire pour améliorer les chevaux. — Mais cela n’est pas mon affaire ; c’est à chaque cavalier en particulier à prendre soin de son cheval. — Cependant, si les uns t’amènent des chevaux qui n’aient ni pieds, ni jarrets, ni vigueur, les autres des bêtes si mal nourries qu’elles ne puissent suivre ; ceux-ci des animaux si fougueux qu’ils ne demeureront pas où tu les auras placés ; ceux-là des chevaux si rétifs que tu ne puisses même les mettre en rang, de quoi te servira ta cavalerie ? Comment pourras-tu, à la tête d’un pareil corps, rendre des services à la république ? — Oui, tu as raison, je tâcherai de veiller de mon mieux sur les chevaux. — Eh quoi ! ne t’efforceras-tu pas aussi d’améliorer les cavaliers ? — Sans doute. — Alors, ne commenceras-tu pas par les habituer à sauter plus lestement à cheval ? — Il le faut bien ; car si quelqu’un d’entre eux vient à tomber, il se tirera plus vite d’affaire. — Et maintenant, quand il s’a-

  1. Voyez plus loin le Traité spécial du Commandant de cavalerie.
  2. Corps de 200 hommes qui formaient l’avant-garde de la cavalerie athénienne, laquelle était habituellement de 4000 hommes, C’étaient en général des étrangers mercenaires et surtout des Scythes.