plus besoin d’être cultivées : il leur montrait que les chevaux les plus généreux, pleins de feu et de vivacité, deviennent les plus utiles et les meilleurs si on les dompte dès leur jeunesse, mais que, si on néglige de les dompter, ils demeurent rétifs et sans prix ; que, de même, les chiens de la meilleure race, infatigables et ardents à la poursuite des animaux, sont les plus précieux et les plus utiles à la chasse si on les dresse avec soin, mais que, si on les instruit mal, ils sont stupides, furieux, entêtés. Semblablement, les hommes les mieux doués, ceux dont l’âme est la mieux trempée et la plus énergique dans ce qu’ils entreprennent, s’ils reçoivent une éducation convenable et s’ils apprennent ce qu’ils doivent faire, deviennent excellents et très-utiles, car ils font une infinité de grandes choses ; mais s’ils restent sans éducation et sans instruction, ils deviennent très-mauvais et très-dangereux ; incapables de discerner ce qu’ils doivent faire, ils tentent souvent de mauvaises actions et deviennent hautains et violents, prêts à se regimber et difficiles à conduire : aussi causent-ils une infinité de grands malheurs.
Quant à ceux qui, fiers de leurs richesses, pensaient n’avoir aucun besoin d’instruction et s’imaginaient que leur fortune suffirait pour accomplir leurs projets et se faire honorer des hommes, il les rendait sages en disant que c’est une folie de croire qu’on puisse sans étude distinguer les actions utiles et les actions nuisibles ; c’est encore une folie, lorsqu’on ne sait pas faire cette distinction, de se croire capable de quelque chose d’utile, parce qu’on a de l’argent pour acheter tout ce qu’on veut ; c’est une sottise, quand on n’est capable de rien, de croire qu’on agit comme il faut pour être heureux et qu’on sait se procurer honnêtement et convenablement ce qui sert à la vie ; c’est enfin une sottise de croire que la richesse, quand on ne sait rien, donne l’apparence de l’habileté, ou que, quand on n’est bon à rien, elle conduit à l’estime.