Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/224

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meilleurs travaux : maintes fois nos troupeaux les plus beaux et les mieux soignés sont enlevés par une maladie soudaine et terrible. » À ces mots, Socrate répondit : « Je croyais, Critobule, que tu connaissais le pouvoir des dieux, aussi absolu sur les travaux des champs que sur ceux de la guerre. Tu vois, je crois, qu’avant de commencer une œuvre guerrière les hommes se rendent les dieux propices en les consultant par l’intermédiaire des victimes et des oiseaux sur ce qu’ils doivent faire ou non ; de même, avant toute œuvre agricole, n’es-tu pas d’avis qu’il faut se rendre les dieux favorables ? Sache bien que les sages rendent hommage aux dieux à propos des fruits juteux ou secs, des bœufs, des chevaux, des brebis, en un mot de tout ce qu’ils possèdent. »



CHAPITRE VI.


Résumé des précédents. — Exemple d’Ischomachus.


« Oui, tu as bien raison, Socrate, répondit Critobule, quand tu me conseilles de n’entreprendre aucune œuvre sans implorer la protection des dieux, maîtres souverains de tout, soit en paix, soit à la guerre. Nous essayerons donc d’agir ainsi. Mais le point où tu en es resté au sujet de l’économie, essaye donc d’y revenir, et d’achever ce qu’il en restait ; il me semble maintenant, après avoir entendu ce que tu as dit, que je vois plus clair qu’auparavant à faire ce qu’il faut pour vivre dans l’aisance. — Que veux-tu, dit Socrate ? Faut-il revenir sur tout ce que nous avons établi d’un commun accord, afin de nous trouver du même avis, s’il est possible, sur le reste de la discussion ? — S’il est agréable, dit Critobule, quand on est en société d’intérêts, de se rendre des comptes exacts, il l’est aussi, quand on est en société de pensées, d’être bien d’accord dans la discussion. — Eh bien, dit Socrate, le nom d’économie nous a paru être celui d’une science, et cette science, nous l’avons définie celle par laquelle les hommes font prospérer une maison. Une maison est pour nous la même chose que toute espèce de possession, et nous avons appelé possession ce qui pour chacun est utile à la vie ; enfin le mot utile, nous l’avons appliqué à tous les objets dont on sait user. Il nous a paru impossible