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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/237

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mençons par réunir tout ce qui est utile aux sacrifices, puis les parures de femme pour les jours de fête, et les habits d’hommes pour les fêtes et pour la guerre ; tapis pour le gynécée, tapis pour l’appartement des hommes, chaussures d’homme et chaussures de femme : dans un groupe les armes ; dans un autre les instruments pour le lainage ; dans celui-ci les ustensiles de boulangerie ; dans celui-là ceux de cuisine ; ici tout ce qui sert au bain, là tout ce qui concerne la pâtisserie et la table ; le tout divisé suivant l’usage journalier ou le service des galas. Nous séparons également les provisions affectées au mois et celles qui, d’après ce calcul, doivent durer l’année : excellent moyen de savoir au juste jusqu’où elles conduisent. Après ce triage par groupes de nos effets, nous les faisons porter à la place qui leur convient ; puis, les ustensiles qui doivent chaque jour servir aux esclaves, tels que ceux de boulangerie, de cuisine, de lainage, et autres semblables, nous en indiquons la place exacte aux gens qui doivent s’en servir, nous les leur livrons, et nous leur enjoignons de les bien conserver. Quant à ceux dont nous ne nous servons qu’aux jours de fête et de réception, ou dans des circonstances rares, nous les confions à l’intendante, nous lui montrons la place qu’ils doivent occuper, nous les comptons, et nous en gardons le nombre écrit, en lui commandant de ne donner à chaque domestique que le strict nécessaire, et de bien se rappeler ce qu’elle donnait, à qui elle donnait, et, quand on le lui rapportait, de le remettre où elle l’avait pris.

« Nous établîmes intendante celle qui, après examen, nous parut le plus en garde contre la gourmandise, le vin, le sommeil, la hantise des hommes, douée en outre de la meilleure mémoire, et capable soit de prévoir les punitions que lui attirerait de notre part sa négligence, soit de songer aux moyens de nous plaire et de mériter des récompenses[1].

« Nous lui apprîmes à avoir de l’affection pour nous, en la faisant participer à notre joie quand nous étions joyeux, et en nous affligeant avec elle quand elle avait du chagrin. Nous l’instruisîmes à désirer d’accroître notre fortune en lui faisant connaître notre position, et en partageant notre bonheur avec elle. Nous développâmes en elle le sentiment de la justice en plaçant dans notre estime l’homme juste au-dessus de l’injuste, en lui montrant que le premier vit plus riche et

  1. Cf. Id., Ibid., i.