Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/30

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De ces idées générales, de ces leçons, dont la sagesse s’applique à la gestion commune du ménage, Xénophon passe aux détails, qui en assurent l’exécution et le succès. Or, la règle essentielle des chefs de la famille, la qualité qui domine et qui dirige l’emploi de toutes les autres, c’est toujours l’ordre. Aussi voyons-nous Ischomachus insister longuement sur la distribution méthodique et régulière de tous les objets et ustensiles de la maison, sur la place qui doit leur être affectée, et multiplier les comparaisons les plus vives, les images les plus frappantes, pour graver dans l’esprit de sa jeune femme la nécessité d’une organisation systématique et permanente. « Rien n’est plus beau, dit-il entre autres choses, rien n’est plus utile pour l’homme que l’ordre. Un chœur est une réunion d’hommes. Que chacun prétende y faire ce qu’il lui plaît, quelle confusion ! quel spectacle désagréable ! Mais si tous exécutent avec ensemble les mouvements et les chants, quel charme pour les yeux et pour les oreilles ! »

Une fois la maison organisée, les deux époux s’y livrent chacun aux occupations qui leur sont propres. Et comme il faut, avant tout, que la femme se montre modeste dans son extérieur et simple dans ses vêtements, Ischomachus, trouvant un jour la sienne couverte de céruse afin de paraître plus blanche, et de rouge pour se donner un faux incarnat, avec des chaussures élevées afin d’ajouter à sa taille, lui fait observer que tout cet artifice, toute cette enluminure ne fait que la rendre laide, et que le meilleur moyen non-seulement de paraître, mais d’être vraiment belle, c’est de vaquer aux soins domestiques et aux devoirs de la maternité.

Quant aux fonctions qui sont plus spécialement dans les attributs de l’époux, Ischomachus s’étend, avec une certaine complaisance et en homme expérimenté, sur les diverses occupations et les exercices multipliés qui remplissent ses journées ; promenades et visites matinales, surveillance des ouvriers, maniement du cheval, travaux et soins agricoles, éducation pratique et morale des contremaîtres ; puis, passant encore des leçons générales aux