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CHAPITRE IV.


De l’écurie, de la nourriture et des moyens de fortifier le pied.


Lorsque, épris d’un cheval, on en a fait l’acquisition et qu’on l’a mené chez soi, il est bon que l’écurie soit dans une partie de la maison où le maître puisse avoir souvent l’œil sur son cheval : il n’est pas mauvais non plus qu’elle soit faite de manière qu’on ne puisse pas plus voler de nourriture au râtelier du cheval qu’au buffet du maître. Négliger ce soin, c’est, selon moi, se négliger soi-même, puisqu’il est clair que, dans les dangers, le maître confie sa personne à son cheval. Et ce n’est pas seulement à voir si l’on ne dérobe rien au cheval que sert une écurie bien disposée, mais à s’assurer si le cheval lui-même ne jette point son manger. Quand on s’aperçoit de ce dégoût, on a la preuve certaine que le cheval a trop de sang, et qu’il faut l’en délivrer, que, trop fatigué, il a besoin de repos, qu’il a une indigestion d’orge ou qu’il couve quelque autre maladie[1]. Il en est du cheval comme de l’homme : tous les maux débutants sont plus faciles à guérir que quand ils sont invétérés ou que la cure a été manquée.

Mais, s’il faut au cheval de la nourriture et de l’exercice pour lui fortifier le corps, il n’est pas moins nécessaire de lui soigner les jambes[2]. Une cour humide et unie gâte les meilleurs pieds. Pour éviter l’humidité, il faut donner de la pente, et, pour que le sol ne soit pas uni, on fera un lit de pierres enfoncées l’une à côté de l’autre, et à peu près de la grosseur du sabot. Une cour ainsi disposée fortifiera les pieds du cheval, même au repos. Seulement le palefrenier doit l’y conduire pour le panser, et l’y attacher, en l’ôtant de sa mangeoire après le dîner, afin qu’il soupe avec plus d’appétit.

On rendra également sa cour excellente, et on fortifiera les pieds du cheval, en y répandant quatre ou cinq tombereaux de

  1. Xénophon signale ici un genre de mal connu sous le nom de lampas (engorgement de l’intérieur de la bouche) et l’indigestion, qui est une indisposition très-rare de nos chevaux. L. B.
  2. Dans ces temps éloignés de nous, ou ne ferrait pas les chevaux, mais on cherchait à habituer la sole aux terrains les plus durs. L. B.